Passants. Ces gens qui passent devant vous dans la rue, qui marchent sans s'arrêter, filent vers leurs buts sans se soucier de votre existence. Passants. Trop occupés pour lever la tête, ou la baisser, non, eux, ils marchent la tête droite, vers l'horizon, vers leur objectif, cible acquise, foncent comme un missile.
Savent-ils les trésors qu'ils ratent ? Des pièces, des enveloppes, des surprises, oubliées, envolées sur le sol, attendant, qu'une personne moins préoccupée se penche pour les ramasser. Ciel, nuages, lune, le "sublime kantien", et même ces choses érigées par l'être humain, qu'on appelle architecture, recouvertes parfois, de la trace d'un autre homme, un dessin, "tag", grandeur et pourtant, pourtant, qui prend le temps de les voir ?
L'oeil du photographe. La curiosité. L'envie de ne pas être dans ce flux, ne pas faire partie de la masse. Ceux qui se prétendent différents le sont-ils vraiment ? Nagent-ils à contre-courant ? Lorsqu'ils regardent leurs semblables, le font-ils avec du recul, comme à travers une photographie ?
Les considèrent-ils autrement que comme des passants ? Des gens de passage, de passage dans votre vie. Vous. Ne vous arrêterez pas pour les regarder vivre, évoluer, exister. Vous. Ne les regardez pas d'en haut à travers la vitre, ne leur inventez pas une vie. Vous. Gardez le contrôle sur votre vie, ne partez pas à la dérive.
On a le droit d'essayer, de changer, pour une minute, une heure, une vie. A trop jouer les rebelles, différents, uniques, particuliers, spéciaux, on oublie un peu trop souvent qu'on est tous des êtres humains. Soit.
SKINS. C'que ça fout là ? Uh. C'est un peu comme ça regarder les autres vivrent. Est-ce qu'après on vit plus fort, pour soi, pour les autres ? On pourrait aussi bien s'effacer. A prendre, le risque.